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Nous avons réalisé une implantation d’oreille préalablement cultivée sur l’avant-bras

oreille chirurgie parotide Parotidéctomie Bruxelles

Nous avons réalisé une implantation d’oreille préalablement cultivée sur l’avant-bras

Après avoir perdu le pavillon de leur oreille suite à un accident ou une maladie, trois patientes – en 2012, 2015 et 2018 – ont pu bénéficier d’une greffe un peu particulière. Avant d’être réimplanté, leur nouveau pavillon a d’abord été cultivé quelques semaines sur leur avant-bras. Rencontre avec le Docteur Afshin Yousefpour, chirurgien spécialiste de la tête et du cou à Bruxelles et pionnier de cette technique.

 

Une équipe américaine a récemment réimplanté, chez une patiente amputée du pavillon de l’oreille, un pavillon fabriqué à partir de cartilage costal puis « cultivé » sur son avant-bras. Quel est l’intérêt de cette technique ?

 

Dr. Afshin Yousefpour : La reconstruction du pavillon de l’oreille à l’aide de cartilage costal est une méthode éprouvée, utilisée depuis les années 1950. Le chirurgien prélève du cartilage à partir des côtes du patient et le sculpte pour créer une maquette reproduisant la forme tridimensionnelle complexe du pavillon. Ensuite, cette maquette est placée directement derrière l’oreille du patient, sous la peau du cou. Dans un deuxième temps, l’oreille est décollée, et il ne reste plus qu’à placer une greffe de peau sur la face postérieure du pavillon. Cependant, cette méthode n’est réalisable que lorsque les tissus au niveau de l’oreille sont sains. S’ils sont abîmés, par exemple après un traumatisme ou une radiothérapie, ils peuvent perdre leur élasticité et leur vascularisation. Il est alors impossible de les utiliser pour couvrir le cartilage du nouveau pavillon.

 

C’est pourquoi le chirurgien peut choisir de l’implanter ailleurs, comme sous la peau de l’avant-bras, pour le transférer ensuite au niveau de l’oreille. La première opération utilisant cette technique a été réalisée aux États-Unis en 2012, sur une patiente amputée de l’oreille suite à un cancer.

 

« La peau de l’avant-bras est naturellement élastique et très vascularisée, ce qui est essentiel pour la reconstruction d’organes. »

 

Vous avez vous-même procédé à une intervention similaire sur une patiente en 2015. Quelle a été votre approche ?

 

Dr. A. Y. : Il s’agissait d’une jeune patiente de 19 ans qui avait subi une ablation de l’oreille et une radiothérapie suite à un mélanome. La radiothérapie avait altéré les tissus autour de son oreille, rendant impossible une implantation directe. Nous avons alors eu l’idée de passer par l’étape intermédiaire de l’avant-bras.

 

Nous n’avons pas utilisé le cartilage de la patiente mais du polyéthylène poreux (medpore), un matériau biocompatible et bien toléré. Ce matériau présente deux avantages : il n’est pas nécessaire de réaliser une intervention pour aller prélever du cartilage, et d’autre part, le pavillon est déjà « pré-sculpté », il peut même être réalisé sur-mesure en impression 3D. En revanche, le medpore est un matériau inerte, qui va être intégré par les tissus sous-cutanés du patient. En théorie, la prothèse pourrait s’infecter en cas de traumatisme (blessure, écorchure, piqûre d’insecte…). En pratique, nous n’avons pas encore un nombre de cas suffisant pour confirmer cette hypothèse.

 

Pourquoi choisir l’avant-bras ?

 

Oreille cultivée plusieurs mois sous la peau de l’avant-bras.
Oreille cultivée plusieurs mois sous la peau de l’avant-bras. ©U.S. ARMY PHOTO

 

Dr. A. Y. : La peau qui recouvre l’oreille est très particulière, extrêmement fine et délicate. Il fallait donc trouver une zone du corps recouverte d’un tissu comparable. La peau de l’avant-bras est un peu plus épaisse que celle de l’oreille mais de ce fait elle est plus résistante et protège mieux la prothèse en cas d’accident ou de choc. Cette peau est par ailleurs naturellement élastique et très vascularisée, ce qui est essentiel pour la reconstruction d’organes.

 

Quel avenir pour ces techniques selon vous ?

 

Dr. A. Y. : La recherche travaille actuellement sur des maquettes résorbables (scaffold) en forme d’oreille. On prélève des cellules cartilagineuses chez le patient pour ensuite les cultiver en laboratoire et produire une couche de ces cellules. On attend ensuite que ces cellules colonisent la maquette biorésorbable en forme d’oreille. Au départ, le résultat est très joli mais les forces de cicatrisation sont telles qu’au bout d’un certain temps, l’oreille finit par s’aplatir et perdre sa forme originale. Nous n’avons pas encore trouvé le matériau idéal.

 

D’autres organes pourraient-ils être recréés avec la méthode de culture sur l’avant-bras ?

 

Dr A. Y. : Si nous avons réussi à intégrer le medpore sous la peau de l’avant-bras, dès lors, on pourrait imaginer faire une reconstruction du nez après une rhinectomie (ablation du nez) en utilisant cette même technique. La peau de l’avant-bras serait là aussi adaptée car comme l’oreille, le nez est recouvert d’une peau assez fine et très vascularisée. Il y a définitivement une place pour cette technique chez certains patients, avec des indications bien précises.

 

Toutefois, je suis conscient de la complexité et de la lourdeur que représente cette technique, excluant pour le moment son application de façon routinière. Dans l’avenir, les progrès d’ingénierie tissulaire nous permettront de développer du cartilage sur-mesure à partir des cellules du patient, qui restera stable pendant la période de cicatrisation. Ceci, je pense, révolutionnera la reconstruction des organes.

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